vendredi 17 juin 2011

Tout va changer !

Ces dernières semaines, on nous inonde de promesses et d’espoirs. Une pluie de milliards sous forme de dons (mais surtout de prêts), la santé pour tous, l’éducation pour tous et un bon job pour chacun. Démagogie ? A peine… N’empêche que certains de mes chers compatriotes ont pris les politiques au mot. "Maintenant tout va changer !" est devenue l’expression favorite de l’ivoirien moyen.
Du chauffeur de taxi, au naman* en passant par le tenancier de cabine téléphonique et le directeur d’entreprise, tout et tout le monde va changer.
Avec M. Ouattara président, tout va changer. Il ira chercher chacun des ivoiriens de la plus grosse villa abidjanaise à la plus petite case de Kong, du nouveau né au retraité vieillissant et il l’installera dans un bureau avec climatiseur et salaire de prince à la fin de chaque mois. Je vous assure que certains sont dans cette logique et croit fermement que leur vie va changer. Que le nouveau président « va faire » comme on dit à Abidjan. Ils croisent leurs deux bras et leurs deux pieds et attendent que leur avenir soit construit par d’autres : que ce soit le président, le ministre, un parent, un ami ou pour les plus utopistes, une connaissance. On attend et on se complaît dans cette léthargie. Qu’on arrête ! Que les ivoiriens arrêtent et se mettent pour une fois au travail !
Attente, patience et dépendance. Je déteste ce mot « dépendance ». Pourtant j’ai le sentiment que certains aiment être dépendants. Je me demande ce qu’on ressent quand chaque jour on doit tendre la main et quémander de l’argent alors que l’on pourrait subvenir seul à ses besoins, même avec un petit travail. « Ils sont nés après la honte », comme dirait ma grande tante. Parce que c’est trop difficile de travailler, parce que y’a pas de boulot, parce que y’avait la guerre, parce que je suis un peu malade, parce que, parce que… Intelligence dans la victimisation et le rejet de la faute sur les autres.
La citation "Aide toi et le Seigneur t’aidera" s’est transformée  sous nos cieux en "Chacun s’assoit, Dieu le pousse !", illustration de l’état d’esprit des jeunes ivoiriens. Ne rien faire, attendre, patienter, vivre aux crochets de la famille et des amis en attendant que Dieu ‘pousse’. En spéculant sur un avenir prospère et heureux sans y mettre les moyens. Tu n’as pas de diplômes mais tu veux travailler dans un bureau, tu n’as pas l’expérience mais tu veux être DG, tu n’as ni le bras long ni le cerveau rempli mais tu veux être nommé ! C’est vrai que l’espoir est permis et qu’il aide même à vivre mais à un moment, il faut être réaliste, évaluer ce que l’on vaut, et se positionner en conséquence. En gros, décroiser les deux pieds, les poser sur la terre ferme et les gros trous des routes abidjanaises, histoire de réaliser que la Côte d’Ivoire ce n’est ni la lune ni le pays des merveilles d’Alice. Et que le président n’est ni Superman ni Robin des Bois (il ne volera pas les riches pour donner aux pauvres mais demandera à chacun d’y mettre du sien).
Et c’est à ce moment là, quand on demandera aux ivoiriens de changer leurs habitudes et leur mentalité rétrograde que tout va changer !
En attendant ce jour "fatidique", autant ne pas se mettre en tête des idées révolutionnaires et continuer son train train quotidien : la construction de sa vie et de son avenir. Il ne faut pas changer pour changer. Changer si ça vous fait avancer sinon, ne bougez pas d’un pouce.

Ainsi, chers amis, « Ayez la sérénité d'accepter les choses que vous ne pouvez changer, le courage de changer celles que vous pouvez changer, et la sagesse de distinguer les premières des secondes. » Citation de Marc-Aurèle, empereur et philosophe romain (121-180)


*naman : jeune garçon qui aide les automobilistes à se garer en échange de quelques pièces.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire