lundi 20 juin 2011

Mes prières...

 Ma mère m’a élevée toute seule, sans homme, sans mari, sans père ni soutien. Elle m’a porté toute seule et m’a démontré sans jamais mot dire, qu’une femme isolée pouvait s’en sortir ; nul besoin de riches amants mariés ni de nuits de déshonneur. J’avais ainsi grandi, brillant dans les études, le sport et les activités extrascolaires, je voulais réussir par moi-même, comme maman. Et si un jour je devais me marier, mon couple serait la somme de deux personnes. Féministe non militante, indépendante, je voulais vivre ma vie. Je voulais d’un mari fidèle qui m’aimerait sincèrement et qui ne s’enfuirait pas avec une autre femme au premier coup dur comme l’avait fait mon père. J’avais beaucoup prié, demandant au Seigneur de me guider et de m’inspirer dans mes études, puis dans ma vie professionnelle et enfin, dans ma vie amoureuse et familiale.

Mes prières avaient été entendues. Master à 23 ans, MBA à 26, j’avançais telle une étoile filante. C’est ainsi que j’obtins un excellent poste dans une compagnie d’assurances : directrice commerciale à 30 ans, célibataire et sans enfant. Maman avait pleuré de joie quand j’avais débarqué à la maison avec ma rutilante et neuve voiture de fonction. Elle était fière de sa petite qu’elle avait élevée seule ; aucun homme ne viendrait jamais revendiquer ce succès. Quelques mois après, les primes et les relations d’affaires aidant, je rencontrai Maurice. Coup de foudre partagé, nous convolâmes en justes noces 3 mois après notre première rencontre. Mes prières avaient été entendues.
Maurice était l’époux parfait : intelligent, compréhensif et tolérant, intègre, honnête, affectueux, toujours présent et à l’écoute. Il me donnait le bonheur qu’aucun homme n’aurait jamais osé m’offrir. Je l’admirais pour cela. Il rêvait tout comme moi d’enfants mais le Seigneur n’avait pas encore approuvé. Trois ans après notre mariage et des allers retours fréquents chez des spécialistes, mon ventre restait tristement plat. Je m’étais toujours débrouillée toute seule, besoin de rien et surtout pas d’un homme. Et si jamais je me mariais, mon homme devrait m’être éternellement fidèle. Je m’entendis un soir, lui demander de faire un enfant avec une autre femme parce que je n’avais pas le droit de le priver de ce bonheur ; parce qu’il était un homme bien et que je pouvais tolérer une infidélité dans ces conditions. Maurice refusa net ; il se disait prêt à adopter un enfant et ne voulait pour rien au monde mettre en danger notre amour et notre couple. J’insistai, Maurice me menaça et mit un point final à mes requêtes. Soit j’ai un enfant de toi, soit on adopte ! Mes prières avaient été entendues.
Après quelques années…
Mes prières ont été entendues. Et nous avons eu un petit bébé, un beau garçon, le portrait de son papa et de surcroit en excellente santé. Un de ces jours qui changent à jamais le cours d’une vie, alors que je promenais mon fils, j’aperçus la voiture de Maurice stationnée devant une clinique. Il m’avait pourtant prévenu qu’il était retenu par un rendez vous important en banlieue abidjanaise.  Quelques minutes et quelques renseignements plus tard, je me retrouvai face à mon époux, un bébé dans les bras, une jeune dame à ses côtés, épanouie et heureuse mais qui semblait se demander ce que je faisais dans sa chambre. Je m’excusai et sortit de la pièce. Maurice venait d’être papa. Mes prières avaient été entendues et exaucées.
La nuit tombée, Maurice se décida à rentrer à la maison. Je l’attendais, calme, souriante et indépendante. Il m’expliqua que notre fils n’était pas son sang, qu’une adoption n’était pas un accouchement, que je lui avais donné ma permission et ma bénédiction pour avoir cet enfant biologique. J’acquiesçai, mes prières avaient été entendues. Le matin qui suivit, Maurice se leva seul dans une maison vide. Le désarroi qui m’envahit lorsque j’ouvrai la porte de cette chambre d’hôpital me résigna à partir, à sortir de la dépendance et du malheur. S’autodétruire ou survivre ? Supporter ou avancer ? Déprimer ou élever un cœur ?
Mon choix était simple : c‘était celui que maman avait fait pour me construire un avenir, celui qui caractérisait ma personne, ma vie et mon fils. Je ne serai jamais dépendante d’un homme mais je deviendrai dépendante de notre fils, de mon fils, de celui qui n’est pas son sang mais qui est ma vie. Mes prières ont été entendues et exaucées.

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