mercredi 17 août 2011

WTF

Je ne me comprends plus. Je pensais avoir tiré un trait sur l’ex et sur tout ce qui nous reliait. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. Monsieur est collé comme chewing-gum Tarzan. Il hante mes pensées. Nos souvenirs communs m’envahissent : une expression, une chanson, un plat… Tout est prétexte à penser à cet être étrange. Mais que m’a-t-il donc jeté comme sort ?
Bien avant l’ex, j’étais restée huit longues années avec mon précédent amour et dès qu’il avait commencé à bifurquer et à me sortir des histoires et des excuses à la con, mon cerveau avait imprimé que c’était fini. Point trait. 8 années dissoutes en l’espace de quelques jours. Même pas mal. Petite virée en ville avec mes copines françaises de l’époque, quelques verres et un homme d’appoint (pareil que pour les meubles mais en homme). Bref. C’est très différent cette fois. Bien fait pour moi pourrais-je penser et comme on dit : ‘what goes around comes back around’… in your face !  Et oui, tout le monde ne s’oublie pas aussi facilement ; toutes les histoires d’amour ne se terminent pas toujours tranquillement…
Mr Ex me manque vraiment. Sa présence, ses absences, ses conseils, ses réflexions existentialistes, ses bras, sa force et le regard qu’il me lançait à chaque fois qu’il voulait me reprocher un truc. Tout de lui me manque. Les bons et surtout les mauvais côtés. Et oui parce que maintenant, je n’ai personne contre qui râler, contre qui bouder et faire ma gamine pourrie gâtée. Lui supportait tous mes excès, mon caractère, ma ‘chiantise’ comme il disait souvent. Ce mot me manque.
Mon cerveau s’est divisé en deux et l’une des moitiés s’est alliée à mon cœur. Pendant combien de temps vais-je lutter ?
La partie carrée et rationnelle me dit qu’il est ‘non reliable’ et que je ne pourrai jamais avoir pleinement confiance en lui. En plus, rancunière comme je me connais, je ne manquerai jamais de lui rappeler son incartade, son abandon, sa lâcheté…
-          Ebo, ta quiche est bonne mais un peu salée…
-          Ben t’as qu’à retourner vivre chez ta greluche… elle cuisinait bien je pense vu comment elle est moche !
-         
Très peu pour moi. Je me suis toujours évertuée de ne jamais tomber dans de tels schémas qui mènent droit à l’aigreur et au malheur. Il faut que tout ce qui vient de nous arriver soit mâché, avalé, et digéré.  Sans confiance totale, je ne peux rien réaliser. Je carbure à la confiance. Sans confiance je ne fais rien, je n’avance pas à deux mais toute seule. Autant rester seule, en attendant que mon âme sœur se pointe avec son gros nez. Mais depuis quand une rationnelle attend le prince charmant, l’âme sœur et le conte de fées ?
Putain de moitié romantique. Elle me dit que Mr Ex est l’homme de ma vie, que sinon, j’aurai déjà embrayé sur un autre jeune homme, intelligent, beau et disponible. Elle me dit qu’il est mon alter égo et qu’en cas de coup dur, c’est toujours à lui que je pense en premier. Elle me dit que je l’aime et que ça ne changera pas.
Les deux moitiés s’affrontent durant mes journées et s’infiltrent un peu en soirée. Entourée d’amis, j’ai des moments où je me déconnecte pour penser à l’ex. Officiellement je suis au-dessus de tout ça et je vaux mieux que l’ex. De toute façon il ne m’aurait pas rendu heureuse mais officieusement, dans mon cœur et dans ma tête c’est Bagdad ou Sarajevo. Appelez l’ONU je vous en supplie. Mission de paix dans mon corps pour concilier cerveau, âme et cœur. Le soir, au moment du coucher, je retrouve ma copine Vodka dans un mini verre et c’est parti pour quelques heures ailleurs, loin de la violence causée par l’amour… Vodka is good !

vendredi 12 août 2011

Babi Chantier

Mes voisins abidjanais la connaissent bien, Maman Bulldozer La Kamikaze, de son vrai nom Mme Anne OULOTO, ministre de la salubrité urbaine du gouvernement ivoirien. D’abord vedette éclair sur la TCI, notre télé colonie du Golf Hôtel défendant bec et ongle la légitimité du pouvoir Ouattara, elle est par la suite devenue ministre de la salubrité d'un gouvernement enfin installé légal et au travail. Les actions de Maman Bulldozer, il convient de le dire, font couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays. Que l’on adhère ou pas, on ne peut pas y rester  indifférent.
Une ballade récente sur la rue des jardins m’a permis de me faire mon idée ; j’ai (re)découvert certains immeubles, des grands espaces vides, des briques, du sable, des pousse-pousse… Comment l'expliquer : c'est à la fois propre, dégagé, et sale, encombré... L'histoire de la Côte d'Ivoire n'est pas simple hein...
Rue Princesse rasée, constructions anarchiques bulldozées, boutiques en bois déracinées, même les arbres y passent (n’avez-vous pas vu l’opération de rasage d’arbres opérée sur la voie allant de l’école de gendarmerie à la cité des arts à Cocody ?). Les arbres appartiennent à la terre avant d’appartenir à la mairie, donc pourquoi les couper ? Et la sécheresse alors, on en fait quoi ? Ministre de la salubrité VS Ministre de l’environnement >>> Bientôt en prime time au Parc des Sports de Treichville. Bref, j’ai pas compris la partie du rasage de l’arbre… Enfin bon !
En voulant trop en faire, on fait souvent mal. Il est vrai qu’Abidjan avait besoin de propreté et d’ordre mais bon… Il ne s’agit pas non plus de tout casser privant ainsi des milliers de jeunes de leurs emplois et des centaines d’entrepreneurs de leur business et du fruit de leurs efforts. 2 500 emplois journaliers perdus rien que pour la Rue Princesse. En parallèle, le gouvernement lance une campagne de recensement des jeunes chômeurs afin de les insérer dans la vie active. Mais comment et quand ? En attendant que vont-ils faire ces jeunes qui se retrouvent au chômage ? Quelle est la solution proposée par LA SOLUTION ?
Et puis quel est le plan de reconstruction ? C’est bien beau (et surtout facile) de casser mais pour mettre quoi à la place ? Comment seront relogées ces personnes ? Seront-elles dédommagées ? Abidjan doit-elle ressembler à une ville aseptisée sans identité et sans saveur ? Abidjan doit-elle perdre son cube Maggi et sa joie ? Qui peut nous expliquer ce que le nouveau gouvernement de la nouvelle Côte d’Ivoire veut faire de notre perle des lagunes ? Parce que comme le dit Espoir 2000, Abidjan est le plus doux au monde et doit le rester. Ya pas intérêt à venir nous foutre le bordel ici ! On a quitté les pays des blancs c’est pas pour venir dans pays qui ressemble à pays des blancs (et je dis bien ‘ressemble’ parce que dans les faits : on se connaît entre chacun ici !).
Franchement, ce pays-là, mon pays-là me fatigue, m’intrigue, soulève mes tripes, mes doutes et mes passions. Où est passé le sens des priorités de nos dirigeants ? Des centaines de villages ont été détruits, des centaines de corps gisent encore dans les morgues, des milliers de réfugiés/déplacés en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, une catastrophe humanitaire béante, une situation sécuritaire sur des béquilles sur la totalité du territoire national… Mais non, le plus urgent, le plus important (et surement le plus visible) c’est de mener des actions fortes de déguerpissement. Abidjan doit être propre, nette et sans baraque. Blanche comme Eau de Javel. Le début de la campagne « Abidjan ville propre » et l’assainissement des voies principales m’avaient séduit… Vers la fin (ou plutôt vers le milieu, vu que je viens de lire quelque part que ce n’était pas fini), ça commence à me souler sérieusement…
Humeur de chien.
Le président a promis une Côte d’Ivoire en chantier. Ca a déjà commencé par ici. Ca ne me plait pas vraiment mais, en bonne citoyenne que je suis j'attends de voir se dérouler le programme de campagne.

On attend de voir…
God bless CIV.

jeudi 11 août 2011

De l'art de....

Lundi 8 août. Jour férié, chômé et payé en Côte d’Ivoire pour cause de lendemain de fête nationale (lorsqu’elle tombe un dimanche, ce qui est bien le cas en ce dimanche 7 août, jour de notre in/dépendance...). Profitons... Pour une fois qu'on est payés pour rester à la maison, profitons....

Je suis donc tranquillement installée dans mon lit, sous une grosse couette (il fait froid à Babi dèh…) tentant de m’extirper de ma déprime de fin de semaine afin d’entamer une nouvelle semaine plus gaie, plus active et productive… plus Ebony en gros.
19h24. Le Blackberry que m’a attribué ma boîte en  tant qu’ « avantage en nature » sonne. L’avantage s’appelle Monsieur mon DG et souhaite que je le rejoigne ce soir pour un business diner avec nos patrons du siège européen.
- Allo Ebony, comment allez-vous ?
- Bien merci.
- Ecoutez j’ai besoin que vous vous libériez ce soir. Nous avons un dîner avec XYZ.
- Mais... Pour quoi faire ?… Je ne travaille pas sur ce dossier…
- Je sais. Mais X et Y vous apprécient beaucoup et ont demandé si vous seriez présente ce soir et  je leur
  ai répondu oui. Donc vous serez là ce soir Miss [Miss ????? Mais ça veut dire quoi ça ?]
- Euh….
- Nous avons rendez-vous à 20h au Pullman et ensuite nous irons diner.
- ... Ok.
Je me suis entendue répondre ok. Pourtant, je n’ai absolument rien à faire à ce diner. Mes seuls échanges avec X et Y se sont résumés aux nids de poules et aux inondations dans la ville. Je ne travaille pas avec eux, je ne travaille pas sur une problématique en rapport avec eux, ce ne sont pas mes potes, donc pourquoi m'associer à ce dîner ? Mais...  Nouvelle promotion implique nouvelle période d’essai. Cadre supérieure, 6 mois cash et sans droit à l’erreur. Ebo, si tu ne fais pas gaffe, tu vas te faire ‘remercier’ à la BAP (comprenez Brou Aka Pascal*). Gbè est mieux que Drap* comme diraient mes compatriotes ivoiriens. Supporter est mieux que se faire virer. Me voici donc un jour férié, chômé et payé, à 19h40 en train de me préparer pour un business diner. Pas de dossier ni d’argumentaire en tête, juste une jolie robe, des belles chaussures et un maquillage de circonstance. Parfois je comprends mon papa lorsqu’il regrette d’avoir autant investi dans les études de ses filles. 
Apéritif très sage et contenu au Pulmann puis dîner dans un restaurant aussi huppé qu’excessivement cher. Merci à Monsieur le créateur des notes de frais ! Au fil des discussions et de la soirée, je comprends que ma présence ne sert  qu’à « embellir ». Des hommes de pouvoir se doivent d’être accompagnés de jolies petites potiches. Ebony Master puis MBA en poticherie. Ya pas mon 2 ! Le vin aidant, l'ambiance se détend et les langues se délient. De propos légèrement machistes en anecdotes de machines à café, nous arrivons péniblement vers la fin du repas et je pense, soulagée que mon calvaire s'achèvera bientôt. Que nenni ! Garder le meilleur pour la fin.... C'est souvent plus pertinent.
En fin de dîner donc, un des patrons européens (qui finalement ne sont pas si patrons que ça, entre des chargés de projets et des chargés de mission, je ne vois pas trop... enfin bon, ils sont blancs et viennent du siège donc ils sont patrons !) m’interpelle :
- Et comment ça se passe pour les refacturations et les remboursements ?
- Faut voir avec la compta, ils ont un manuel de procédures qu’ils pourront vous communiquer.
- Ok. Mais là, faudrait que je parte à Bruxelles pour quelques jours mais mon assistant est en congés.
   Pourriez-vous vous en occuper ?
- Faudrait voir avec l’assistante du DG…
- Mais c’est pas vous ?
- Non.
- Ah désolé. Ah mais je ne comprends pas... Mais c’est quoi votre poste ?
- Directrice financière.
- 
- Oui je sais, ça surprend toujours les gens. Mais ça m’étonne quand même de vous. Vous qui venez
   d'Europe, vous connaissez quelques femmes qui sont à la fois jeunes, belles et compétentes non ?
- Euh… Oui, mais...
- Bon j’ai honoré ma part du contrat. Le diner. Je vais vous abandonner pour reprendre mon rôle
   d’assistante dans mon chez-moi.
- [L’homme blanc est dépassé, perdu, gris…]
- Bonne soirée Monsieur. Au plaisir.
Je suis finalement contente de ma soirée. J’aime bien, de temps à autre déstabiliser l’autre, lui montrer que je ne suis pas plus stupide que lui.
Le lendemain matin, mon DG m’a convoqué, il m’a remercié de m’être montrée disponible la veille et m’a indiqué que l’ensemble des "patrons" avaient eu une très bonne impression. Vers la fin de la période d’essai ?
Comme quoi, parfois, il faut savoir se prostituer…

De l'art de... Donc !

dimanche 7 août 2011

Sad days

Ces derniers jours ont été particulièrement pénibles dans ma vie et dans ma ville.
Mercredi soir, Karine a réveillé en moi des sentiments que j’avais volontairement, sciemment et soigneusement enfouis. Elle m’a rappelé que j’aurai bientôt 30 ans et qu’aucun de mes rêves ne s’étaient entièrement réalisés. Pas de beau prince charmant sur son bel étalon, pas de mariage digne des plus grands Disney, pas de jumeaux que j’aurais appelé Léa et Léo, pas de carrière fulgurante comme je m’étais imaginée adolescente (même si de ce côté-là, je n’ai pas à me plaindre et pense être sur la bonne voie - Thanks God). Deux nuits d’insomnies, des pensées qui se bousculent, se rencontrent et me jettent à terre. J’étais par terre… Abattue et perdue. Le poids de la concience, le boomerang des actes et choix passés. RIP my baby. « Aujourd'hui c’est le premier jour de ma vie mais maman ne le sait pas encore. Aujoourd'hui, Maman a 16 ans et elle aime Papa. Aujourd’hui maman a su mais papa a dit que je ne pourrai pas rester. Aujourd’hui, il y a un beau soleil, il y aura une belle journée mais je ne la verrai jamais car aujourd’hui, maman a décidé de me tuer... »
Ebony-Zombie parmi les vivants jusqu’au 5 août, vendredi noir. Dans la matinée, le bus 19 de la société publique de transports urbains a terminé sa course dans la lagune, entraînant dans sa chute des dizaines de personnes. On parle de 200 passagers à bord. L’absence de secours adaptés et rapides, la quasi-inexistence de procédures d’urgence, le courant infernal et intransigeant de la lagune, le manque de moyens logistiques… Seulement 8 survivants, les miraculés de la ligne 19. Des images à retourner le cœur, des tentatives d’explications qui révoltent, des témoignages tellement tragiques. RIP. « Un jeune homme, voyant le corps de sa mère ramené à la surface de l’eau tente de s’y jeter à son tour ; la Police l’en empêche… ».
Vendredi soir, après une journée de travail surnaturelle, j’ai machinalement et naturellement appelé l’ex. Besoin de réconfort, de sa présence et de son empathie. Une chose qu’il fait très bien : être présent pour moi en cas de downlite. Pas de mention de notre relation (passée ou à venir), de ses relations ou des miennes. Nous avons parlé de la vie, de ses surprises, des actes que nous posons et de leurs conséquences. Peut-on faire d’un ex un ami ? Ces quelques heures à parler à bâtons rompus, sans tabou aucun m’ont revivifié. Sentiment partagé. Nous avons décidé de nous revoir dans le même esprit. Pas encore prêts à aborder le sujet qui fâche mais ça viendra. « La vie n'est pas toujours belle, l'amitié n'est pas toujours fidèle, l'amour n'est pas toujours éternel, mais toi tu resteras toujours dans mon cœur ».
Après une nuit de sommeil à peu près correcte, réveil samedi matin, fatiguée, déprimée, envahie à nouveau par la tristesse et le spleen. Envie de rien, besoin d’être seule. Congé pour la nounou et le gardien, courses rapides et téléphones éteints. Spleen accablant du samedi après-midi, que même la vodka n’a pas pu effacer.  L’ex appelle mais je me dis que ça fait trop. Hier c’était bien, plus sure de vouloir que l’on refasse ce style d'intermède régulièrement. Trop instable émotionnellement à l’heure actuelle. « J'essaye de noyer mon chagrin dans l'alcool mais depuis le temps... il appris à nager, mon chagrin.... (Philippe Geluck)».
Samedi soir chez les parents. Ça va un peu mieux…
God bless us !

jeudi 4 août 2011

Je ne peux pas

Mercredi 03/08. 22h18. Je viens de raccrocher le téléphone d’avec mon amie Karine. Au son de sa voix j’ai senti que quelque chose n’allait pas. « Freddy veut que j’avorte. Ebo, Freddy veut que j’avorte… ». J’étais restée muette quelques instants avant de reprendre mes esprits et de lui demander de tout me raconter dans le détail, depuis le début. Je ne la savais même pas enceinte, je ne m’en doutais absolument pas.

Karine est mon amie du lycée, à quelques différences près, nous avons eu le même parcours sentimental : sinueux, foireux et chaotique. Karine avait le cœur plus gros que les yeux, elle donnait et redonnait sans jamais espérer que ses passions et envies soient partagées. Elle offrait ses sentiments, son amour et son corps toujours sincèrement, toujours parce que c’était « le bon ». Karine était une sentimentale, une amoureuse comme j’aimais lui dire. Elle répétait les mêmes erreurs, s’amourachait toujours de celui qui n’était pas fait pour elle. Il lui fallait tomber 10 fois pour comprendre quand je me contentais d’une seule chute. Karine, l’amoureuse était allée de déception en déception, de rupture en abandon jusqu’à se retrouver un après-midi dans une infirmerie pour se faire libérer d’un poids, obéir aux désirs et aux ordres de l’homme marié qui l’avait « par erreur » mise enceinte. J’étais là, présente, à ses côtés. Après cette demi-journée passée entre des murs blancs et au milieu d’effluves d’alcool, nous nous étions naturellement rapprochées, gardiennes d’un lourd secret coupable et salvateur.

Karine avait effacé la séance de torture au bout de quelques semaines ; elle avait repris ses bonnes habitudes et était retombée amoureuse. D’histoire en histoire, de pilules oubliées en préservatifs qui éclatent, Karine commençait à croire que « l’opération » l’avait rendu stérile. Rapports à risque, aucune grossesse. Elle y pensait, m’en parlait de temps à autre puis passa à autre chose. Elle espérait que ce n’était pas vrai et effaça une fois de plus ses pensées gênantes de son esprit. De toute façon, l’heure n’était pas à la maternité : pas de relation amoureuse stable, pas de moyens financiers, même pas d’envie affirmée.

Il y a six ans, Karine fit la rencontre de Freddy : un vrai coup de foudre, rien de comparable aux précédents. J’étais d’accord avec elle : Freddy était différent du prototype Karine : posé, intègre et sincèrement attaché à elle. J’étais heureuse du bonheur de mon amoureuse. Après 6 mois, ils s’installaient ensemble et Karine se découvrit de réelles envies de maternité. Arrêt de la pilule et des moyens de contraception, la procédure de conception fut lancée. Deux ans plus tard, aucun  bébé et Freddy se posait des questions. Je conseillai alors à Karine de jouer la carte de la franchise et de tout lui avouer ; il avait le droit de savoir. C’est alors qu’elle lui avoua l’histoire avec l’homme  marié soldée par un avortement. Comme je l’avais espéré, Freddy fut très conciliant et d’un soutien sans mesure. Freddy aimait Karine, pas les enfants qu’elle pourrait lui offrir. Il l’aimait elle.  Plus complices que jamais, les tourtereaux vivaient pleinement leur vie de couple sans enfants profitant de leur jeunesse et de leur liberté : voyages, week-ends, sorties, projet immobilier… La dernière fois que nous nous étions vus, c’était à l’occasion des fêtes de fin d’année : ils étaient toujours aussi amoureux, heureux, optimistes et complices.

La crise socio-politique en Côte d’Ivoire et mes nouvelles fonctions, autant de choses qui nous avaient momentanément éloignées ces derniers mois. Pas le temps de se voir, des plannings qui ne collaient pas… J’en étais restée à la partie idyllique du film où tout se passe bien dans le meilleur des mondes. Karine m’avait confié qu’ils avaient vu un spécialiste et avaient bon espoir de voir leur rêve d’enfant se réaliser. Confiante et croyante, je la rassurai. Se souvenait elle de la chanson que nous aimions tant adolescentes ? Sonia Dersion fredonnait : « Et que tout amour nous vient de Dieu, et qu’en peu de temps  l’enfant viendra ». Nous aimions la mélodie, nous étions peu concernées par des paroles qui 15 ans après prennent tout leur sens. Elle était d’accord avec moi : « la vie est vraiment bizarre Ebo ! ».
C’est vrai, la vie nous joue de drôles de tours. Six mois après notre dernière discussion, beaucoup de choses avaient changé ; surtout dans la vie de Freddy.  Sa famille avait été très durement touchée par la guerre, maisons détruites, commerce pillé et brûlé, il avait perdu son emploi et devait maintenant  prendre en charge ses trois petits frères. Quand Karine lui avait annoncé qu’enfin elle était enceinte,  il avait répondu machinalement que le moment ne s’y prêtait pas et qu’ils auraient d’autres occasions :
-          Quand mon chéri ? Ça fait 6 ans…
-          Karine, tu sais ce que je traverse actuellement
-          Freddy, que veux-tu que je fasse ?
-          Je suis désolé, ce n’est pas possible.
-          Freddy, tu ne peux pas faire ça. On va trouver une solution.
-          J’ai déjà pris la décision Occupe t’en ce week-end et n’en parlons plus.

Karine m’avait tout de suite appelé :
-          Ebo, Freddy veut que j’avorte !
-          Explique-moi ce qui se passe ma puce
-          […]
-          Ebo stp, j’ai besoin du contact du médecin qui nous avait fait le curetage.
-          Je ne l’ai plus Karine. Je ne l’ai plus.
-          Ok je vais en trouver un autre. Stp pourras-tu venir avec moi ?
-          Karine tu es sure que c’est ce que tu veux. Attends au moins demain matin, je vais prendre ma matinée pour venir te voir. On doit discuter, on va trouver une solution ma chérie…
-          C’est la seule chose à faire et j’ai besoin de toi stp. Toi seule peux me comprendre.
-          Ok.

Ma chère puce, je suis persuadée que tu ne liras pas ce post et que tu ne comprendras pas pourquoi je ne te réponds pas. Je suis la seule à pouvoir te comprendre mais je ne te comprends pas. Je ne peux pas. J’ai fait la plus grosse erreur de ma vie il y a 12 ans en assassinant cet enfant et en t’encourageant à faire de même. Tu viens de recevoir la grâce d’être mère à nouveau. Je ne l’ai pas. Je pense que je ne l’aurai pas. Comme j’aurai aimé intervertir nos vies, nos ventres mais je ne peux pas. Je souffre de cet enfant que je n’ai pas et que je n’aurai pas. Je souffre de cet enfant que tu as et que tu n’auras pas. Je t’aime du plus profond de mon cœur mais je ne peux pas. Rien que d’écrire ce post j’en ai mal au ventre. Je ne peux pas.

Non, je ne peux pas.

mardi 2 août 2011

De l'art de se faire larguer (3)

Mon ex-chéri prend un réel plaisir à m’appeler régulièrement, à minima une fois par semaine pour prendre des nouvelles, être sûr que tout va bien, me proposer des invitations que je décline automatiquement. Mais que me veut-il ? En discutant avec une amie, elle m’explique qu’il veut recoller les morceaux. Ma copine s’appelle Alice, elle a pas quitté le pays des merveilles et me confond par fois avec Cendrillon. ‘Ton prince arrivera bientôt’. Bullshit. En gros selon elle, lorsqu’un homme part et refait sa vie, il ne prend pas la peine de nettoyer le ‘bordel’ qu’il a laissé derrière. Surtout quand le bordel est propre. Soit. Ma  théorie à moi est bien moins nunuche, un homme est un homme ; il protège ses arrières. Etre sûr que son ex attend patiemment son retour, être assuré qu’ « en cas de cas », il pourra toujours ramener son crâne. Les appels fréquents ne servent qu’à surveiller et veiller sur sa "chose", lui même "sa propriété". Il ne veut pas recoller les morceaux ; en tout cas pas à court terme. Pourquoi ?
Parce que je sais (par des sources abidjanaises très très sures   ;D) que l’ex s’est installé dans un joli petit appartement habité par une jeune femme. Sa meilleure amie ? Sa cousine ? Sa sœur (cachée) ? Il a juste déménagé ses affaires de notre appart’ à un nouvel appart’. Les insomnies et la vodka ne m’avaient pas encore permis de trouver la réponse sur l’identité de la colocataire. Jusqu’à ce matin…
Hier soir, dîner en ville avec un jeune homme qui me manifeste beaucoup d’intérêt et qui ne me laisse pas non plus indifférente. On s’installe à notre table. On commande les apéritifs. Il me demande si  je connais l’homme qui est assis derrière. Je me retourne et aperçois l’ex. Que faire dans ce style de situation ? Je souris et lui fais un signe de la main. Fin de l’histoire. Mais l’ex a décidé de faire sa propre histoire. Il délaisse la demoiselle à sa table et se dirige vers nous Bises et re-bises, banalités, je ne le présente pas. ‘Passe une bonne soirée. A bientôt’.
Il paraît qu’il n’a pas levé son regard de mon dos de toute la soirée. J’ai été flattée. Normal les sentiments sont toujours là, même si je sais au fond de moi que la page est définitivement tournée. Malgré ce petit pincement au cœur qui nous habite lorsque l’on est face à la chose précieuse mais perdue, j’ai essayé de profiter de ma soirée et de ma compagnie. Benji est adorable, intéressant et drôle. Nous avons bien rigolé sous le regard (envieux) de l'ex. Nous avons été poussé vers la porte de sortie par les propriétaires du resto. Boulot le lendemain, obligés de rentrer. Il me raccompagne chez moi vers 00h. Fin de la discussion et promesses de se revoir très bientôt quand mon téléphone sonne. Il demande amusé s'il s'agit du mec du resto. Oui c'est lui mais nous en parlerons un autre fois si tu veux bien. L’ex a appellé. Je n'ai pas décroché. Laissons-le se faire des longs métrages, m’imaginer dans les bras de l’autre, me penser heureuse et épanouie sans lui dans mes draps. Il a choisi de me quitter. Il n’y eu ni explications, ni cris, ni pleurs. Tout a été fait prisonnier dans mon cœur. Il y a toujours un revers à la médaille.
Réveil à 6h, je consulte machinalement mes messages : messages vocaux, notifications facebook, sms, mails… Superbe mail de 3 pages de l’ex : il s‘excuse, il a fait une erreur, il va rompre d’avec la nouvelle et revenir ‘à la maison’, il a compris son erreur et est prêt à tout pour qu'on soit à nouveau ensemble. Je ne savais pas qu’il pouvait écrire de si longs messages avec de tels mots : amour, regrets, éternité, mariage, raison de vivre… Tout ça pour moi ? Il y a toujours un revers à la médaille. J’aurai reçu ce message un mois avant j’aurai fait de belles économies en vodka, en larmes étouffées et en heures de sommeil.
Damn boomerang.
Dear boyz mates, i lov u so pleaz stop act stupid !